A l’approche d’un anniversaire capital, la mémoire collective malagasy prévoit de célébrer un moment clé de son histoire, celui de l’insurrection des nationalistes contre la puissance coloniale de la France. En 2027, cela fera huit décennies que la Grande île s’est dressée contre l’occupation française, une révolte empreinte de violence, de courage et de sacrifices. Pour commémorer cet épisode aussi tragique qu’essentiel, un groupe d’artistes engagés a décidé de ranimer la mémoire en relançant la pièce emblématique « Rano, Rano », avec un appel à la solidarité pour concrétiser ce projet.
La représentation est programmée pour le 23 janvier 2026 à Marseille (France). Cette œuvre théâtrale réunissant Jean Luc Raharimanana, Tao Ravao et Pierrot Men ambitionne de faire entendre les récits des survivants de cette révolte. Mêlant récit oral, musique et visuels, elle plonge le spectateur dans les vécus bouleversants des témoins, confrontant chacun aux réalités déchirantes de cette période. Raharimanana, écrivain et conteur, recueille et restitue ces témoignages en créant un lien fort entre l’oralité et l’écriture. Tao Ravao, musicien renommé, revisite les traditions musicales afin de transporter le public dans l’ambiance unique de l’époque. Quant à Pierrot Men, par son regard photographique, il immortalise les visages et moments porteurs de mémoire.
Transmettre
L’enjeu dépasse le simple cadre artistique car il s’agit de sauvegarder le souvenir de l’insurrection, notamment la tragédie des wagons de Moramanga, où 166 otages furent exécutés en mai 1947, et d’éveiller les consciences des générations à venir. Plus qu’une œuvre théâtrale, « Rano, Rano » se présente comme un acte de résistance culturelle, un hommage vibrant à ceux qui se sont battus pour leur liberté. Cependant, pour que ce projet puisse voir le jour, un soutien financier est nécessaire. Une campagne de financement participatif a été lancée via Leetchi, avec un objectif modeste de 3.000 euros destiné à assurer la production, la logistique et la tournée anticipée pour 2027. Ce projet incarne une volonté sincère de perpétuer la mémoire au-delà des frontières malagasy, en mobilisant la diaspora et le public international. Faire revivre cette histoire méconnue ou oubliée repose aussi sur un engagement collectif. Contribuer à cette initiative, c’est préserver un héritage précieux, celui d’une lutte pour la dignité et la liberté. Car l’histoire ne doit pas disparaître mais être transmise. A travers « Rano, Rano », ces voix du passé ont vocation à résonner encore longtemps dans le présent, en tant que puissants vecteurs de mémoire et de réconciliation.
Si.R








